“Balkanisation”, tensions régionales ou faiblesse de l’Etat : les vraies menaces sur la stabilité des Kivus

Un camp des FARDC (armée congolaise) près de Kibumba (Nord-Kivu) pendant la crise du Mouvement du 23 mars (M23) en 2012 (UN Photo/Sylvain Liechti)

La scène s’est produite à Baraka, au Sud-Kivu, le 17 janvier. Un jeune militant de la plateforme d’opposition congolaise Lamuka, coiffée d’un bandeau blanc, harangue la foule et déborde de haine. Il donne 48 heures aux Banyamulenge pour quitter le pays, ordonne de chasser les récalcitrants par la force et menace tous ceux qui aideront ou  logeront les membres de cette minorité congolaise rwandophone.

Est-ce un hasard ? Ce dérapage s’est produit à l’issue d’une manifestation nationale à l’appel de l’opposition contre la « balkanisation » du pays. En RD Congo ce terme désigne la crainte, très répandue, qu’il existerait un complot des Etats voisins, en association avec certaines communautés présentes sur le territoire congolais, pour annexer ses riches territoires de l’Est. Selon cette théorie, ces Etats enverraient clandestinement leurs ressortissants en RD Congo pour préparer cette annexion. Le plus souvent, ce sont les communautés tutsies de la région, et en particulier celle du Rwanda, qui sont désignés comme étant les comploteurs.

Ce thème, qui revient régulièrement dans le débat congolais, a été renforcé dans les années 1990 et 2000, par l’occupation de grandes parties du territoire congolais par des rébellions en partie dirigées par des membres des communautés congolaises rwandophones, et soutenues par l’Ouganda (RCD/K-ML) et le Rwanda (RCD-Goma).

Ces dernières semaines, il connait un regain de popularité, notamment depuis un point de presse du cardinal Fridolin Ambongo, plus haute autorité catholique du pays, lors d’une visite à Beni. Lors de ce discours, il a en effet affirmé que les massacres qui touchent ce territoire depuis novembre étaient « planifiés » avec pour « objectif […] la balkanisation de notre pays ». « Cela se vérifie à travers le remplacement de la population déplacée par des populations généralement rwandophones et ougandophones », a-t-il ajouté, dénonçant le « déversement » de populations par les pays voisins, dont l’Ouganda, le Rwanda et le Burundi.

Malgré les précautions oratoires du prélat, qui a notamment confirmé la nationalité congolaise de certaines communautés rwandophones, dont les Banyamulenge, la diffusion de cette thèse pourrait renforcer la défiance contre ces minorités. Plusieurs messages haineux, comparables à ceux de Baraka, ont en en effet circulé sur les réseaux sociaux tout au long du mois de janvier.

Ces suspicions ont également été alimentées par les propos maladroits de Vital Kamerhe, le directeur de cabinet du président, présent Rwanda le 4 janvier pour le mariage d’un fils de l’ancien ministre rwandais de la défense James Kabarebe. Ce dernier a en effet dit offrir 30 vaches pour « consolider les relations » entre le Rwanda et le « Kivu », comme si les provinces de l’Est de la RD Congo constituaient une entité séparée du reste du pays.

L’opposant et candidat à la dernière élection présidentielle Martin Fayulu, qui utilise la rhétorique de la balkanisation depuis plusieurs années, a profité de ce contexte pour réitérer ses propos, accusant même publiquement le président Félix Tshisekedi et son prédécesseur, Joseph Kabila, de poursuivre ce projet. En privé, il affirme même que Félix Tshisekedi chercherait à mener la « balkanisation » à son terme en complicité avec le président rwandais Paul Kagame.

Ce thème, qui offre une explication simple à des problèmes complexes, rencontre en tout cas un réel succès populaire. Et les affrontements intenses, qui ont notamment touché trois zones de l’Est Congolais ces derniers mois, ont notamment contribué à renforcer sa popularité.

Ceux du territoire de Beni, tout d’abord, cités par Mgr Ambongo à l’appui de son discours. Deux cent soixante-cinq civils y ont été tués principalement par la mystérieuse rébellion islamiste d’origine ougandaise des Forces démocratiques alliées (ADF) depuis novembre, selon le dernier décompte du Baromètre sécuritaire du Kivu (KST). Ce mode opératoire, particulièrement brutal et difficilement compréhensible, a de fait, abouti à des déplacements internes de civils fuyant les massacres.

Celui des hauts-plateaux de Fizi et Uvira, ensuite. Des groupes armés issus des communautés locales Banyindu, Babembe et Bafuliru y contestent la création de la commune rurale de Minembwe, située dans une zone majoritairement Banyamulenge. Des violences, contre les civils et des vols de bétail, y ont notamment été commises. Dans le même temps, des groupes armés banyamulenge, prétendant défendre leur communauté, ont également commis des violences contre des civils. De nombreux villages ont été brûlés au cours de cette crise qui a amené, là aussi, à des déplacements de population. La défection du colonel de l’armée congolaise Michel Rukunda, alias Makanika, (un munyamulenge) début janvier, est venu accréditer l’idée qu’une vaste rébellion banyamulenge serait en gestation. C’est « l’expansionnisme Banyamulenge », assure ainsi un responsable politique de la ville de Bukavu au KST.

Le troisième conflit alimentant les suspicions est celui déclenché fin novembre par l’armée congolaise pour déloger la rébellion hutu rwandaise du Conseil national pour le renouveau et la démocratie (CNRD) du territoire de Kalehe. Comme dans le territoire de Rutshuru les mois précédents, de nombreuses sources locales contactées par le KST ont rapporté la présence de soldats du gouvernement rwandais sous uniforme congolais. Selon plusieurs d’entre elles, des habitants effrayés ont alors déserté les villages de Kigogo et Kasika.

Mais ces trois situations semblent en réalité obéir à des logiques locales différentes et il paraît difficile d’y voir un plan concerté à l’échelle régionale.

Dans le territoire de Beni, les ADF, sont arrivés il y a près de 25  ans avec l’objectif de lutter contre le pouvoir de Kampala. Ils ont tissé des relations avec des communautés locales et ont notamment tiré profit de leurs conflits, selon les recherches du Groupe d’étude sur le Congo (GEC). Ce groupe pourrait avoir, dans une certaine mesure, des ambitions territoriales, mais il paraît difficilement imaginable qu’elles puissent un jour aboutir à la reconnaissance internationale d’un Etat indépendant ou à un rattachement à l’Ouganda.

Pourtant, dans son discours du 3 janvier, Mgr Ambongo a affirmé que des « immigrés rwandais chassés de Tanzanie il y a quelques années » ont été « déversés » dans les zones vidées de leur population par les massacres. Il s’agit d’une référence aux migrations de populations hutues qui ont quitté ces dernières années des territoires congolais de Masisi et Lubero vers la province de l’Ituri, et qui ont transité par Beni. L’ampleur et l’actualité de ces migrations restent toutefois difficiles à évaluer. Elle ne semblent, en tout cas, ne concerner que très marginalement les zones urbaines du territoire de Beni cible principale des massacres récents.

Sur les hauts plateaux de Fizi et Uvira, ensuite, les groupes armés banyamulenge paraissent affaiblis, divisés, et pourraient très difficilement avoir les moyens de projets indépendantistes. Le profil du colonel renégat, Makanika, cadre par ailleurs mal avec l’idée que les groupes armés banyamulenge seraient complices du Rwanda. Makanika a, au contraire, pris part à de nombreuses rébellions contre Kigali dans les années 2000, et il était encore décrit en 2013 comme « fermement opposé au Rwanda ». Plusieurs membres de la société civile banyamulenge expriment en outre de la défiance vis-à-vis du Rwanda, affirmant notamment que les rébellions et groupes mai-mai qui les menacent sont soutenues par Kigali, qui chercherait ainsi de les punir d’avoir abrité en leur sein une rébellion rwandaise : le Congrès national rwandais (RNC).

De plus, malgré de nombreuses rumeurs, peu d’officiers congolais semblent avoir suivi les traces Makanika. Il a certes été rejoint par d’anciens militaires revenus de l’étranger, comme Gakunzi Masabo et Alexis Gasita dans son fief de Kajembwe. Mais la plupart des leaders militaires banyamulenge actifs dans l’armée congolaise, comme Masunzu, Venant Bisogo, et Mustafa, sont actuellement stationnés très loin du front, dans l’ouest du pays. L’ancien chef rebelle Richard Tawimbi se trouve lui aussi, dans la capitale congolaise. Et les autres officiers banyamulenge sont étroitement surveillés par leurs collègues. Trois officiers banyamulenge soupçonnés de vouloir faire défection – le lieutenant-colonel Joli Mufoko Rugwe, le major Sébastien Mugemani et le sous-lieutenant Aimable Rukuyana Nyamugume – sont ainsi aux arrêts depuis plusieurs mois au camp Saïo à Bukavu, selon une source militaire et une source de la société civile locale.

Dernier territoire où la réalité de terrain correspond mal à la théorie de la balkanisation : celui de Kalehe. Plusieurs sources des autorités coutumières locales, onusiennes, diplomatiques et militaires congolaises, ont, il est vrai, confirmé au KST la présence d’éléments des Forces de défense rwandaises (RDF) lors de l’offensive contre le CNRD. Les estimations de leur nombre divergent considérablement, de quelques officiers de renseignement à plusieurs bataillons. Mais selon une source militaire congolaise, qui affirme avoir été présente lors de l’arrivée discrète d’un bataillon rwandais, ces opérations sont ponctuelles et acceptées par le président Félix Tshisekedi. Elles n’auraient été dissimulées que par crainte d’une réaction hostile des habitants. Surtout, plutôt que de « déverser » des populations rwandophones en RD Congo, elles ont abouti au contraire au rapatriement de près de 2500 membres rebelles rwandais du CNRD (combattants et familles) de la RD Congo vers le Rwanda.

La théorie de la balkanisation décrit donc mal les conflits divers qui touchent les Kivus. Contrairement à la situation des années 2000-2013, aucune rébellion rwandophone congolaise ne semble en réalité être soutenue par le Rwanda actuellement.

Cela ne signifie pas, pour autant, que la situation actuelle soit rassurante. Des dizaines de milliers de Congolais de l’Est vivent dans des territoires sous contrôle de plus d’une centaine de groupes armés et échappent, de fait, à la souveraineté de Kinshasa. Plus qu’un plan régional concerté entre Etats voisins pour dépecer la RD Congo, ce sont les tensions entre ces mêmes états, conjugués à la faiblesse des autorités congolaises, qui paraissent menacer la stabilité des Kivus.

L’Ouganda et le Burundi d’une part, et le Rwanda d’autre part, s’accusent en effet mutuellement de soutenir des groupes dissidents dans l’Est du Congo et n’hésitent pas à les combattre, soit directement, soit par l’intermédiaire de groupes alliés.

Kigali a notamment accusé le Burundi et l’Ouganda de soutenir le RNC, ce qui a été en partie confirmée par le groupe d’expert de l’ONU pour la RDC. Le RNC a toutefois été considérablement affaibli dans des conditions mystérieuses en 2019 : il ne dispose de moins d’une cinquantaine d’homme près du village de Miti, selon une source des renseignements de la Monusco et une source de la société civile.

Plusieurs attaques, menées à partir du territoire congolais, ont en outre touché le Burundi et le Rwanda ces derniers mois. Ce fut le cas de l’attaque de Kinigi au Rwanda le 6 octobre attribuée par Kigali à la rébellion hutu rwandaise du Rassemblement pour l’unité et la démocratie (RUD) qui serait soutenue par l’Ouganda. Puis de celle du 22 octobre à Musigati, au Burundi, revendiquée par les RED-Tabara, un groupe rebelle burundais opérant au Sud-Kivu. Le 16 novembre enfin, le Burundi a subi une nouvelle attaque, à Mabayi, pour laquelle le président burundais a accusé le Rwanda.

Par ailleurs, plusieurs rébellions burundaises hostiles au gouvernement de Gitega sont présentes dans le Sud-Kivu, comme les RED-Tabara, le Frodebu ou encore les FNL. Selon une source militaire congolaise et un rapport des experts de l’ONU, le RED-Tabara, notamment, a été soutenu par Kigali ces dernières années. Par ailleurs, les Forces de défense nationale du Burundi (FDN) et les milices Imbonerakure (proche du pouvoir de Gitega) font régulièrement des incursions en RD Congo, notamment selon les rapports du groupe d’experts de l’ONU sur la RDC et des responsables sécuritaires interrogés par le KST. Certains membres des autorités burundaises soutiendraient par ailleurs plusieurs groupes armés congolais, comme les Mai-mai Mbulu, dans la plaine de la Ruzizi, probablement pour prévenir l’éventualité d’une attaque sur leur sol.

Si l’élection présidentielle burundaise, prévue pour le mois de mai, devait provoquer une contestation violente comparable à la précédente, en 2015, le Sud-Kivu pourrait redevenir un champ de bataille. Cela ne signifierait pas, pour autant, que la « balkanisation » du pays soit en marche.

Exactions, populations assiégées, tensions régionales : que se passe-t-il à Minembwe ?

Délégation de la Monusco à Fizi, un des territoires touchés par les récentes violences, le 16 mars 2019 (Monusco / Jacob de Lange)

« Génocide ». Ce terrible mot, qui résonne dans la région des Grands Lacs plus fort qu’ailleurs, a été de nouveau lancé, le 16 octobre, comme on jette un pavé dans des eaux déjà agitées. C’est ainsi que les représentants des Banyamulenge ont décrit la situation sur les hauts-plateaux du Sud-Kivu dans un communiqué. Cette communauté d’éleveurs tutsi rwandophones, se dit visée par un plan d’extermination, orchestré par les groupes mai-mai Ebu-Ela, Aochi, Mulumba et Biloze-Bishambuke, alliés à des groupes de rebelles burundais. La situation est-elle vraiment celle-ci ? « Il n’y a pas de génocide »,  nuance une source à la Monusco. «En revanche, il y a eu un nettoyage ethnique des Banyamulenge et des autres communautés qui vivent dans la région de Minembwe ».

Depuis le début de l’année, le Baromètre sécuritaire du Kivu (KST) a pu documenter 26 incidents violents commis par des groupes armés dans la zone. Douze ont été commis par des groupes mai-mai, deux par les rebelles burundais des Forces nationales de libération (FNL) et douze par des groupes armés Banyamulenge (Ngumino et Twiganeho).

Presque tous les Banyamulenge encore présents dans la zone sont désormais regroupés à Minembwe centre, commune désertée par toutes les autres communautés. Il y aurait ainsi quelques 25 000 déplacés dans cette seule localité, selon son bourgmestre adjoint. « Nous avons perdu plus de 100 personnes et plus de 35 000 vaches, qui sont le fruit du travail de plusieurs générations », assure un notable de la communauté.

Quel est le point de départ de ce cycle de violence ? Difficile de le définir, tant il s’inscrit dans une histoire longue. Les Banyamulenge sont une communauté d’éleveurs, originaires du Burundi et du Rwanda, et arrivés avec leurs troupeaux de vaches sur les hauts plateaux du Sud-Kivu dès le XIXe siècle. Les colonisateurs belges n’ont toutefois jamais créé de « chefferie » pour ce groupe semi-nomade, à la différence des communautés voisines de cultivateurs babembe, bafuliru et bayindu.

Après l’indépendance, ils ont été la cible de haine ethnique et de discrimination. Mais certains Banyamulenge ont participé à des abus, souvent au nom de l’autodéfense. Le rejet de cette communauté s’est notamment accentué pendant la première et la deuxième Guerre du Congo, lorsque certains de ses membres ont occupé des positions militaires et civiles importantes dans les rébellions violentes et profondément impopulaires au Sud-Kivu de l’AFDL (1996-1997) et du RCD (1998-2003). Après la fin de la guerre, la plupart des rebelles banyamulenge ont rejoint l’armée congolaise, mais plusieurs petits groupes sont restés sur les hauts plateaux, en particulier les Forces républicaines fédéralistes (FRF), affirmant que leur communauté avait besoin de protection. Dans une certaine mesure, ce fut une prophétie autoréalisatrice : leur présence servait alors de justification à la mobilisation de groupes Maï-Maï.

Pour la chercheuse Judith Verweijen, de l’université de Sheffield, le récent cycle de violences est ainsi l’aboutissement d’un processus à l’oeuvre « depuis au moins quatre ans ». « Cela a commencé avec des disputes sur le pouvoir coutumier dans la zone de Bijombo et la montée en puissance du groupe armé Banyamulenge Ngumino (« restons-ici » en Kinyamulenge). Peut-être trop confiant dans ses forces, il s’est mis à taxer brutalement la population locale. Cela a accéléré le recrutement des groupes d’autodéfense de la zone et a abouti à une première vague d’affrontements en 2015 et 2016 ».

Sur ce contexte déjà tendu vont se greffer des tensions régionales croissantes. Après la  candidature très contestée du président burundais Pierre Nkurunziza à un troisième mandat, en 2015, les rébellions burundaises présentes au Congo ont connu un afflux de nouveaux combattants. Parmi elles, notamment, les FNL et la Résistance pour un Etat de Droit au Burundi (RED) – Tabara. Ces derniers sont soutenus par le Rwanda dès 2015, notamment en matière de recrutement et de formation, selon un rapport du groupe d’experts de l’ONU.

Mais cette zone devient bientôt la base d’une autre rébellion, hostile au Rwanda cette fois : le Congrès national rwandais (RNC) du dissident Kayumba Nyamwasa, exilé en Afrique du Sud. Selon un autre rapport du groupe d’expert des Nations-Unies sur la RD Congo, il s’installe dans la forêt de Bijabo, au Nord de Minembwe, et noue une alliance avec les combattants Banyamulenge Ngumino. Le même rapport indique que le Burundi sert alors de territoire de transit pour certaines de ses recrues.

Sur ce cocktail explosif arrive l’étincelle : le 21 février 2019, un Munyamulenge, Gady Mukiza, est investi premier bourgmestre de la commune rurale nouvellement créée de Minembwe. L’identité du ministre de la Décentralisation qui supervise ces réformes, Azarias Ruberwa, lui-même Munyamulenge, a contribué à accroitre la méfiance au sein des membres des communautés voisines. Pour leurs représentants, qui souvent dénient aux Banyamulenge leur nationalité congolaise ainsi que l’exercice de pouvoir local, c’est une provocation. Elle est très vite aggravée par une vague de violences commises par les Ngumino (voir graph ci-dessous).

Nombre de civils tués dans des attaques du groupe armé Ngumino

Une coalition constituée des milices mai-mai locales, appuyées par les rebellions burundaises FNL et Red-Tabara, se forme contre eux en mars, selon le député munyamulenge Moïse Nyarugabo. Selon deux sources locales (une de la société civile et une policière), cette coalition serait appuyée par des membres des forces spéciales rwandaises, notamment au travers de leurs alliés RED-Tabara. Pour Kigali, qui est en conflit avec une partie des leaders banyamulenge depuis de nombreuses années, la participation à cette opération présenterait aussi l’avantage de priver le RNC d’une base arrière. 

Deux événements documentés par le KST vont contribuer à attiser le cycle de violences qui se met en place. Le 4 mai 2019, les Ngumino assassinent le chef coutumier banyindu Kawaza Nyakwana. Cela provoque une flambée d’exactions, avec notamment des incendies de villages, jusqu’en juin. Puis, le 7 septembre, le chef Ngumino Semahurungure est assassiné dans le village de Tulambo, à plusieurs kilomètres de la ligne de front. 

Selon les sources locales précédemment citées, ainsi qu’une source militaire congolaise et une source militaire rwandaise, cette opération aurait été organisée avec l’appui, au moins en renseignement, de Kigali. Une source des renseignements de la Monusco interrogée par le KST n’a pas été en mesure de confirmer cette information, mais s’est étonné de cet assassinat « très éloignée des modes opératoires habituels des groupes mai-mai » et qui ressemble « étrangement » à l’assassinat, tout aussi mystérieux, du chef des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), Sylvestre Mudacumura.

Les Ngumino semblent en tout cas aujourd’hui affaiblis. L’essentiel des groupes armés banyamulenge encore actifs sont les Twiganeho (« défendons-nous » en Kinyamulenge), milices « d’autodéfense » qui se mobilisent traditionnellement lorsque la communauté est menacée.

La Monusco a depuis ouvert deux nouvelles bases provisoires à Minembwe. Mais un notable munyamulenge s’inquiète : « j’ai peur qu’il soit déjà trop tard et que la crise actuelle ait des conséquences irréversibles sur la coexistence pacifique des communautés dans cette zone ».

Faut-il inviter les armées des pays voisins dans l’Est de la RD Congo ? 

Des soldats ougandais pendant une formation de l’armée américaine (U.S. Air Force photo by Staff Sgt. Amy Picard / recadrée)

C’est un document de cinq pages qui fait grand bruit. Le 13 octobre, l’analyste des questions militaires (et conseiller de l’opposant Moïse Katumbi) Jean-Jacques Wondo a publié, sur son compte twitter, un document signé par le chef d’Etat major de l’armée congolaise, Célestin Mbala. Celui-ci annonce une grande offensive conjointe des armées de la région contre les rébellions dans l’Est de la RD Congo entre novembre et mai prochains.

Selon ce document, les armées burundaise, ougandaise, rwandaise et tanzanienne sont invitées à envoyer chacune un contingent de forces spéciales et de rejoindre un Etat-major intégré à Goma.

Le sujet est extrêmement sensible tant l’histoire de la présence d’armées étrangères au Congo est longue et douloureuse. Un des épisodes les plus traumatiques fut sans doute les multiples affrontements entre armées ougandaises et rwandaises à Kisangani, en 1999 et 2000, faisant des centaines de victimes civiles congolaises. En 2009, l’entrée des troupes rwandaises dans le cadre de l’opération “Umoja wetu” (“notre unité”), avait provoqué une crise politique conduisant au départ de Vital Kamerhe de la présidence de l’Assemblée nationale – ce dernier est aujourd’hui directeur de cabinet du président Félix Tshisekedi. 

Même si l’authenticité du document n’a pas été officiellement confirmée, elle est très probable. Aucune des sources contactée pour cette analyse (deux militaires et deux membres de la présidence, notamment) ne l’a démentie. Par ailleurs, deux d’entre-elles ont confirmé la tenue d’une réunion annoncée dans le document : celle des Etats-majors des pays de la région les 24 et 25 octobre à Goma.

Cependant, ce plan ne semble être pour l’instant qu’un document de travail destiné à évoluer selon une source militaire citée par RFI. Certains des détails qu’il contient sont déjà démentis par les acteurs concernés. Les officiers de la Monusco, par exemple, ne devraient pas faire partie d’un Etat-major intégré, contrairement à ce qu’on peut lire dans le document. « Juridiquement et techniquement, notre mandat est strictement national et il ne nous permet pas d’appuyer une coalition régionale, explique ainsi Florence Marchal, la porte-parole de la chef de la Monusco Leïla Zerrougui, au Baromètre sécuritaire du Kivu (KST). Ce mandat court jusqu’en décembre et seul le Conseil de sécurité peut l’amender ». Une source diplomatique indique aussi que la présence d’officiers américains n’est pas actée, contrairement à ce que suggère le document. Deux sources à la présidence congolaise assurent enfin qu’une offensive des seules Forces armées congolaises (FARDC), dirigée par le général Fall Sikabwe, devrait bientôt commencer. L’une d’elle reconnaît néanmoins que des discussions pour la constitution d’une force régionale sont en cours, même si son cadre n’est pas encore défini : elle n’exclut notamment pas que la brigade d’intervention de la Monusco accueille des troupes de nouveaux pays voisins.

Dans tous les cas, la volonté congolaise de former une coalition régionale est réelle et portée par le président Félix Tshisekedi. Après une première réunion des Etats-majors burundais, congolais, ougandais et rwandais, à Goma, les 13 et 14 septembre, le président congolais avait soutenu à la tribune de l’ONU « la création d’une coalition régionale à l’image de la coalition mondiale contre le terrorisme, pour éradiquer le fléau de l’insécurité créé par les groupes armés d’origine interne et externe. ». 

Ce projet peut-il réussir ? A première vue, il est séduisant. Une partie des groupes armés les plus actifs dans l’Est congolais, comme les Ougandais de la rébellion islamiste des Forces démocratiques alliées (ADF), les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) ou encore la Résistance pour un Etat de droit au Burundi (RED-Tabara), sont d’origine étrangère. Par ailleurs, Gitega, Kampala et Kigali sont régulièrement soupçonnés d’aider certains groupes armés dans les Kivus, se livrant ainsi une guerre par procuration. Une meilleure coopération entre tous les pays de la région est donc sans doute l’une des clés pour venir à bout des violences.

Mais il n’est pas certain que la période actuelle soit propice à une telle harmonisation. Le Rwanda et l’Ouganda sont notamment à couteaux tirés depuis février, et leurs relations ne s’améliorent pas. Après que le Rwanda a subi une violente incursion venue du Congo, le 4 octobre, certains des rebelles appréhendés ont ainsi été présenté à la presse où ils ont affirmé avoir été recrutés en Ouganda

Selon le député national de Butembo, Muhindo Nzangi, cette coalition inédite est davantage dictée par la méfiance entre les pays de la région que par une véritable volonté de collaborer. « L’idée de départ, c’était que notre armée forme une coalition avec les Ougandais pour venir à bout des ADF car, malheureusement, elle ne peut y arriver seule, assure-t-il. J’ai écrit au président pour soutenir cette idée. Tshisekedi et Museveni sont tombés d’accord. Mais le Rwanda a estimé qu’il ne pouvait laisser l’armée ougandaise en RD Congo sans contrôle. Le président Tshisekedi a donc accepté qu’il fassent aussi partie de l’opération, ce que je regrette. Enfin, pour apaiser le Burundi, qui se méfie du Rwanda, ce pays a également été invité. » Il n’est en tout cas pas certain que tous les participants soient très enthousiastes. Le document ayant fuité était, ainsi, à l’origine, contenu dans une correspondance adressée par le général congolais Célestin Mbala à son homologue burundais.

Malgré ce climat de suspicion, le plan affirme que des officiers Rwandais et Ougandais devraient partager les mêmes secteurs opérationnels au Nord-Kivu. Et dans la partie nord du Sud-Kivu ce sont les armées burundaises et rwandaises qui devraient cohabiter. Le pire des scénario – un affrontement direct sur le sol congolais entre armées étrangères – parait donc plausible.

L’arrivée de ces armées qui ont, par le passé, commis de nombreux abus en RD Congo, pourrait également susciter un sentiment d’humiliation dans la population et avoir des effets pervers, comme celui de stimuler des groupes « d’autodéfense » congolais présents sur le territoire. Ce phénomène avait notamment été observé suite à l’opération conjointe rwando-congolaise “Umoja wetu” contre les FLDR début 2009.

Une grande partie des groupes armés « nationaux » figurent par ailleurs parmi les cibles de l’opération conjointe. « Face à des armées étrangères les mai-mai vont immédiatement se coaliser, craint Nzangi. Et s’il y a des affrontements entre eux et ces contingents, il y a un sérieux risque que cela se passe très mal ».

La réunion prévue à Goma les 24 et 25 octobre pour mieux définir les contours de la coalition s’annonce cruciale.

Après la mort de Mudacumura, la fin des FDLR ?

Lorsque la réunion a commencé, le jour ne s’était pas encore levé sur Rwindi-Monument. En ce 18 septembre 2019, Sylvestre Mudacumura avait rassemblé plusieurs dizaines de ses hommes, parmi lesquels certains de ses plus proches collaborateurs, dans cette localité de la province du Nord-Kivu. Pendant ses 25 années de cavale, le chef militaire des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) avait pris l’habitude de convoquer ses assemblées pendant la nuit.

Il n’est pas sorti vivant de celle-ci. Vers 5 heures du matin, cet ancien militaire hutu rwandais a été abattu pendant une offensive de ses ennemis. Fortement soupçonné d’avoir participé au génocide des tutsis de 1994, recherché par la Cour pénale internationale (CPI) depuis 2012 pour des crimes commis au Congo, il a fini sa vie à 65 ans, dans le territoire de Rutshuru, où se trouvait le dernier réduit de sa rébellion.

Les circonstances de sa mort restent mystérieuses à ce jour. Les militaires congolais l’ont-ils tué, comme ils l’ont affirmé ? A-t-il été trahi par certains de ses hommes ? Ces derniers l’ont-ils exécuté eux-mêmes pour éviter qu’il ne soit capturé ?

Certains éléments laissent penser que l’attaque ait été coordonnée avec le Nduma Defense of Congo – Rénové de Guidon Shimiray. Deux jours avant l’attaque, ses combattants ont en tout cas fait mouvement vers la zone selon des sources locales. Bien que recherché par la justice congolaise, ce chef de guerre collabore étroitement avec certains officiers de l’armée congolaise depuis plusieurs années  notamment dans le cadre de l’opération Sukola II, consacrée à la traque des FDLR. Ses troupes avaient précédemment tué d’autres commandants de ce groupe armé.

Sylvestre Mudacumura a été tué près de la  localité de Makomalehe (carte MSF)

Reste que, selon nos informations, ce ne sont pas les NDC-R qui ont tué Mudacumura. Selon deux sources militaires congolaises et deux sources de la société civile du KST, des forces spéciales rwandaises étaient par ailleurs présentes aux côtés des militaires congolais au cours de l’opération. Quel rôle ont-elles joué exactement ?

Interrogé à ce sujet par Le Monde, le président congolais Félix Tshisekedi a démenti leur présence tout en reconnaissant un « partage de renseignement » avec Kigali. Le président congolais s’est par ailleurs dit favorable à « des opérations conjointes » avec les armées de la région, mais a jugé hors de question l’octroi de tout « droit de poursuite » sur le territoire congolais.

Ces derniers mois, le KST avait toutefois déjà pu recueillir des éléments attestant la présence de forces spéciales rwandaises dans l’Est du Congo, même si celle-ci n’a jamais été officiellement reconnue. La mort de Mudacumura a, de plus, été annoncée par plusieurs sources et médias rwandais sur les réseaux sociaux avant même que l’armée congolaise n’en fasse état.

L’opération ressemble en tout cas davantage à un assassinat ciblé, menée grâce à un important travail de renseignements, qu’à une large offensive victorieuse sur les FDLR. Après la mort de Mudacumura, ce groupe armé a en effet été en mesure de continuer le combat contre les FARDC. Les militaires congolais n’ont, de surcroît, pas pu ramener le corps de Mudacumura, même s’ils ont pu capturer quatre rebelles. Présenté à la presse par les FARDC, l’un d’eux a d’ailleurs affirmé que l’objet de la dernière réunion de Mudacumura était de trouver un successeur à Ignace Murwanashyaka, le président de l’aile politique des FDLR, décédé en avril dernier.

Ce groupe armé, qui a été parmi les plus actifs dans l’Est de la RD Congo, parait aujourd’hui plus faible que jamais. La mort de Mudacumura intervient en effet après la neutralisation de plusieurs autres de leurs hauts cadres. Le chef des renseignements militaires Sophonie Mucebo, le général Leopold Mujyambere ou encore le porte-parole Laforge Fils Bazeye ont tous été arrêtés ces derniers mois. Cette rébellion ne disposerait, aujourd’hui, de moins d’un millier hommes selon les estimations des meilleurs spécialistes, contre 2000 à 2500 en 2016 selon le groupe d’experts des Nations-Unies. Les données du KST indiquent, par ailleurs, une forte décrue de leurs activités ces deux dernières années.

Nombre de victimes civiles



Nombre d’enlèvements

Nombre de kidnappings contre rançon

Faut-il pour autant en conclure à la fin prochaine de l’influence des FDLR ? Rien n’est moins sûr. La chute des activités criminelles de ce groupe a été en effet en partie compensée par la montée en puissance de certaines milices Nyatura. 

Nombre d’enlèvements par les Nyatura-Domi

Essentiellement composées de membres de la communauté hutu congolaise, ces milices ont été en grande parties formées par les FDLR et s’allient régulièrement avec elles, dans ce qui s’apparente à une nouvelle stratégie de lutte, plus indirecte, ainsi que l’explique un récent billet publié sur le blog du KST en anglais. Le Collectif de mouvements pour le changement (CMC) principale coalition Nyatura, a d’ailleurs affirmé avoir affronté la « coalition FARDC-RDF-NDCR » pendant les trois jours suivant la mort de Mudacumura et prétend leur avoir infligé de lourdes pertes. Selon des témoins oculaires, le CMC a de nouveau affronté le NDC-R près de Mweso (territoire de Masisi) le 23 septembre.

La mort de Mudacumura semble ainsi avoir remobilisé les FDLR et leurs alliés, qui se sont révélés particulièrement agressifs et imprévisibles. Elle risque aussi susciter des représailles de ce groupe armé contre les civils.

Enfin, d’autres rébellions hutu rwandaises issues de scissions précédentes avec les FDLR restent présentes dans l’Est congolais. C’est notamment le cas du Rassemblement pour l’unité et la démocratique (RUD) et du Conseil national pour le renouveau (CNRD). La menace reste considérée comme encore suffisamment sérieuse par gouvernement rwandais pour qu’elle ait contribué à sa brouille avec l’Ouganda, accusé de faciliter les contacts entre ces groupes et les groupe de dissident rwandais en exil du Congrès national rwandais (RNC).

Selon un communiqué interne, les FDLR ont par ailleurs désigné sans tarder un successeur à Mudacumura : Pacifique Ntawunguka, alias Omega. Moins directement associé au génocide que son prédécesseur, moins clivant pour la hiérarchie, il est également plus jeune et pourrait avoir à coeur de réunir les différentes rébellion hutu rwandaises.

Omerta sur une éventuelle présence des Forces rwandaise de défense dans le Kivu

Des troupes rwandaises ont-elles mené une opération conjointe avec les FARDC sur le sol congolais ? C’est la question qui revient ces dernières semaines dans les échanges entre tous ceux qui suivent de près la situation sécuritaire dans l’est de la République démocratique du Congo. Mais, du côté des officiels rwandais et congolais, c’est presque l’omerta. Personne n’ose s’étendre sur le sujet.

Qu’en est-il vraiment et pourquoi ce black out ? Contacté off the record, un diplomate rwandais reconnaît avoir « entendu parler » d’une présence des Forces rwandaises de défense (RDF) dans l’est de la RDC. « Mais je n’ai pas plus d’informations », s’empresse-t-il de préciser. « De toute façon, si elle existe, une telle opération ne peut évidemment pas être divulguée au public. Sinon, cela aurait déjà été fait », estime-t-il, prudent et lucide.

D’autant que la question est tout aussi bien délicate que sensible. Au Congo, personne n’a en effet oublié l’épisode de l’entrée sur le territoire national des troupes rwandaises en 2009, sans que le Parlement n’en soit informé. Vital Kamerhe, alors président de l’Assemblée nationale, aujourd’hui directeur de cabinet du nouveau chef de l’État, s’y était alors opposé publiquement, entraînant une crise au sommet de l’État qui déboucha sur sa démission.

Dix ans plus tard, la même question revient sur la table : les troupes rwandaises traquent-elles des groupes armés aux côtés des soldats congolais dans le Kivu ? « Je ne crois pas que nous ayons besoin d’en arriver là. Je ne pense pas. Mais en revanche, il y a une très bonne entente que ce soit avec le Rwanda ou avec l’Ouganda, le Burundi. Bref, avec tous les voisins », a esquivé le président congolais, Félix Tshisekedi, lors de sa première interview accordée le 29 juin à RFI et France 24, à Lubumbashi, dans le sud de la RDC.

Comme nous le révélions dans notre précédent billet de blog, mis en ligne le 21 juin, des mouvements suspects des rebelles rwandais ont été signalés ces derniers mois dans les hauts plateaux de Kalehe. Et que cette situation pourrait justifier la cristallisation des tensions régionales dans l’est de la RDC où Kigali et Bujumbura, voire Kampala, s’affrontaient déjà via des groupes armés nationaux et étrangers interposés.

D’après les informations recueillies sur le terrain, des rebelles rwandais du Conseil national pour le renouveau et la démocratie (CNRD) ont été pris dans une embuscade à Masisi, dans le Nord-Kivu, tendue par des forces spéciales rwandaises et quelques unités spéciales congolaises, alors qu’ils faisaient mouvement de Kalehe, dans le Sud-Kivu, vers le Nord pour tenter de rejoindre d’autres combattants proches du général rwandais déchu et exilé en Afrique du Sud, Kayumba Nyamwasa. Bilan : au moins 13 éléments rebelles capturés et un ancien officier de l’armée rwandaise tué. Il s’agirait d’un certain capitaine Charles Sibomana dit « Sido », selon plusieurs sources proches de Kigali qui ont relayé la capture d’écran d’une photo de sa mort sur les réseaux sociaux.

Capture d'écran relayé sur les réseaux sociaux montrant la mort du capitaine "Sibo".

Les mêmes sources indiquent également que les troupes rwandaises seraient aussi positionnées vers Minembwe. Ce que, officiellement en tout cas, des officiels politiques et sécuritaires congolais continuent à démentir. En tout cas, un haut-responsable des Forces armées de la RDC (FARDC) nous a répondu qu’« aucune » opération n’a été menée conjointement avec l’armée rwandaise sur le sol congolais. Mais il a toutefois indiqué qu’il y a eu bel et bien une attaque des FARDC contre « le groupe des combattants [rwandais] qui quittaient le Sud-Kivu avec l’intention d’aller à la frontière avec le Rwanda et l’Ouganda ». À l’en croire, ces affrontements ont eu lieu « à la frontière entre Masisi et Kalehe » il y a « plus de 4 semaines », soit entre fin mai et début juin.

Dans tous les cas, le mystère demeure officiellement entier sur la coopération militaire entre le Rwanda et la RDC. Un prochain billet sur notre blog pourrait interroger le pourquoi de ce « mystère d’Etat » qui ne se justifierait pas dans les relations normales d’Etat à Etat.